21 juin 2024
La Pyrale du maïs a perdu ses galons!
Notre chère, notre fameuse Pyrale du maïs (de son petit nom latin Ostrinia nubilalis) a causé bien des maux de tête aux producteurs de maïs sucré au Québec. Que ce soit pour la race bivoltine ou univoltine, beaucoup d’efforts ont été (et sont encore) déployés pour lutter contre ce ravageur. Beaucoup d’énergie a également été consacrée à l’élaboration de méthodes de lutte alternatives aux insecticides.
Depuis plusieurs années, la Pyrale du maïs exerce une pression moindre dans les champs au Québec. Cette situation a soulevé des questions concernant l’évolution des populations de lépidoptères ravageurs du maïs sucré. C’est pour cette raison que l’IRDA a mis sur pied en 2020 un projet dont l’un des objectifs visait à dresser un portrait précis de la situation de la Pyrale du maïs au Québec.
Le déclin de la Pyrale est confirmé !
Le Réseau d’avertissements phytosanitaires Maïs Sucré utilise des pièges à phéromone pour suivre les populations de Pyrale du maïs au Québec depuis environ quarante ans. Ces pièges, actuellement installés sur plus de 35 sites au Québec, couvrent les principales régions où le maïs sucré est cultivé. Grâce à la compilation des données issues de ce réseau de piégeage de 2005 à 2020, les courbes de populations ont pu être étudiées et validées.
Notre constat
Les populations de la race bivoltine diminuent depuis 2008 dans le maïs sucré à l’échelle de la province, tandis que les populations de la race univoltine ont été relativement faibles tout au long de la période étudiée. Les captures journalières frôlent le zéro à l’échelle de la province depuis 2016. À titre d’exemple, alors qu’à l’été de 2008, près de 4000 papillons de Pyrales étaient piégés dans tout le Québec, seulement 125 ont été capturés en 2023.
Pour en savoir plus sur les courbes de population des ravageurs du maïs sucré, il est possible de consulter la fiche « Changements dans l’importance des ravageurs lépidoptères dans le maïs sucré au Québec », disponible sur le site internet de l’IRDA et Agri-réseau.
Mais pourquoi ?
Parmi les différents facteurs expliquant ce déclin des populations de Pyrale du maïs au Québec, l’hypothèse la plus probable est l’augmentation des superficies cultivées en maïs BT (Bacillus thuringiensis). Cette tendance a été observée aux États-Unis, où les réductions régionales des populations de Pyrales ont été associées à l’expansion des cultures génétiquement modifiées.
Et maintenant ?
Bien qu’elle soit toujours présente, la Pyrale du maïs n’est plus le ravageur principal du maïs sucré comme elle l’a été autrefois. Considérant la situation actuelle, il est temps de se questionner sur le risque réel que pose la Pyrale du maïs dans les champs au Québec à notre époque et ainsi mieux refléter cette réalité dans les approches de gestion en évitant des traitements inutiles. Il est possible d’obtenir des gains environnementaux et économiques substantiels en adaptant les stratégies d’intervention vers une approche plus raisonnée des ravageurs du maïs sucré. Alors, avant de traiter vos champs contre la Pyrale, interrogez-vous : est-ce vraiment nécessaire ?
Un article rédigé par le chercheur en entomologie maraîchère Maxime Lefebvre.